
DROITS DE DOUANE AMÉRICAINS : RÉACTIONS DES ENTREPRISES ITALIENNES FACE À LA TAXE DE 20%
Suite à l’annonce d’un droit de douane de 20 % sur toutes les importations européennes aux États-Unis, les entreprises italiennes, en particulier dans les secteurs de l’agroalimentaire, du vin et des boissons, expriment leur inquiétude et appellent à une réaction coordonnée.
Le 8 avril 2025, les États-Unis ont instauré un tarif douanier uniforme de 20 % sur les produits en provenance d’Europe. Cette décision, interprétée comme une mesure protectionniste, a provoqué une onde de choc dans plusieurs filières stratégiques du Made in Italy, notamment dans l’exportation du fromage, du vin et des boissons non alcoolisées. Les principales associations professionnelles italiennes et producteurs emblématiques ont réagi publiquement. Retour sur les prises de position les plus marquantes, et leur portée pour le marché français.
Un coup dur pour le Parmigiano Reggiano
Nicola Bertinelli, président du Consortium Parmigiano Reggiano, dénonce une mesure arbitraire :
« Les taxes sur notre fromage passent de 15 % à 35 %. Le Parmigiano Reggiano est un produit premium, non concurrentiel avec des fromages américains standards. Imposer un tel droit revient à pénaliser à la fois les producteurs italiens et les consommateurs américains. »
Pour Bertinelli, cette hausse tarifaire ne réduira pas la demande : le consommateur américain recherche la qualité. Une réflexion pertinente aussi pour les distributeurs français qui misent sur l’authenticité.
Le secteur vitivinicole en alerte
Federico Gordini, fondateur de la Milano Wine Week, voit dans cette décision le risque d’un engrenage commercial international :
« Les droits de douane ont souvent échoué historiquement. Nous appelons l’Union européenne à répondre avec fermeté. »
Son appel à une stratégie diplomatique cohérente pourrait faire écho auprès des institutions françaises, concernées elles aussi par les éventuelles représailles commerciales.
Les producteurs régionaux réagissent
Camillo Pugliesi, du Consortium des Vins DOC Sicilia, déplore une décision contre-productive :
« Les consommateurs américains seront aussi pénalisés. Nous accélérons notre diversification vers d'autres marchés comme le Canada ou le Royaume-Uni. »
Vitaliano Maccario (Consortium Barbera d’Asti) se veut rassurant :
« Grâce à notre compétitivité, nous pouvons absorber une partie de l’impact. Mais nous continuons d’investir dans les relations, notamment avec les États américains comme la Pennsylvanie. »
Les enjeux de patrimoine et d’œnotourisme
Mauro Agnoletti, professeur à la Chaire UNESCO sur les paysages agricoles, insiste sur la valeur immatérielle du vin :
« Ces productions font partie d’un patrimoine culturel non reproductible, leur valeur ne se mesure pas qu’en chiffres. »
Giovanni Dubini, du Mouvement Tourisme du Vin en Ombrie, appelle à une mobilisation :
« L’œnotourisme doit être protégé. Il faut des accords ciblés pour préserver notre attractivité. »
Stratégies post-douane : entre innovation et digitalisation
Massimo Sepiacci (UmbriaTop) propose une stratégie proactive :
- Renforcer la présence sur les marchés émergents.
- Accélérer la transformation numérique des entreprises.
- Créer des ponts avec d'autres secteurs du Made in Italy.
Les boissons non alcoolisées également touchées
Giangiacomo Pierini, président d’ASSOBIBE (secteur des boissons non alcoolisées), alerte sur un effet domino :
« À la fois les taxes américaines et la nouvelle "taxe sucre" nationale rendent la situation insoutenable. Or, les États-Unis représentent souvent plus de 50 % du chiffre d'affaires à l'export. »
Un signal d'alarme pour l’Europe et la France ?
Les nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis rappellent à quel point les équilibres commerciaux sont fragiles. Pour la France, ce dossier met en lumière la nécessité d’anticiper les tensions économiques mondiales et de défendre plus fermement les intérêts de ses filières d’excellence. L’unité européenne et la diversification des marchés apparaissent comme des clés essentielles pour garantir la pérennité des exportations agroalimentaires.
Pour les distributeurs, restaurateurs et amateurs de produits italiens en France, il est plus que jamais temps de soutenir ces savoir-faire en valorisant leur présence sur nos étals et nos tables.
👉 Source : Lire l'article original sur Italian Gourmet
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